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L’autre politique des verts

« Transparence, cohérence, participation démocratique, développement durable » voilà le Leitmotiv des intervenants du congrès des verts qui s’est tenu samedi dernier à Junglinster.

A mourir d’ennui! A l’heure de son trentième anniversaire il paraît que ce parti s’est épuisé et se meut désormais dans l’indifférence, dans la cacophonie des généralités. Il est d’ailleurs fort révélateur que la Présidente des verts a dû s’efforcer à démontrer et à rappeler à son audience que les verts sont toujours mus par l’ambition de faire « une autre politique ».

Quelle serait cette « autre politique »?

En voici quelques exemples :

Il faut tout d’abord permettre au plus grand nombre de personnes de prendre part au processus politique. Il faut assurer la transparence du fonctionnement de l’Etat. Il faut garantir une société cohérente, il faut tenir compte de l’évolution de la société.

Chers verts, on est tous d’accord avec vous !

Lors du récent débat sur la nationalité à la Chambre des Députés, lancé par le Ministre de la Justice François Biltgen, le CSV s’est dit ouvert à toute discussion sur le droit de vote des étrangers. Il s’est pareillement engagé à abaisser la durée de résidence en vue de l’acquisition de la nationalité luxembourgeoise. Vous devriez donc féliciter le Gouvernement de son initiative !

Oui, nous aussi nous sommes attachés à la transparence dans le fonctionnement de l’Etat, suggestion que vous n’étoffez d’ailleurs d’aucun contenu. C’est quoi pour vous, la transparence ? Le citoyen transparent ?

Pour nous, la transparence c’est le fait que le Gouvernement doit rendre des comptes à la Chambre des Députés. Pour nous, la transparence c’est la volonté du Gouvernement et des députés de se doter d’un code de déontologie. Pour nous la transparence se vit quotidiennement dans les relations entre l’Etat et les citoyens.

Quant à votre revendication d’établir une « société cohérente », nous avons du mal à appréhender ce concept. Est-ce que les résidents luxembourgeois ne sont pas cohérents ?

Aussi dites-vous, qu’il faudrait tenir compte de l’évolution de la société. Nous sommes heureux qu’après 30 ans d’existence les verts reconnaissent cet impératif. Et vous avez bien sûr encore une fois raison. La politique est par essence chargée de tenir compte de l’évolution de la société. C’est pourquoi nous adaptons aujourd’hui le droit de la nationalité, c’est pourquoi nous instaurons aujourd’hui le mariage homosexuel couplé à l’adoption simple, c’est pourquoi nous proposons aujourd’hui de réformer les relations entre les communautés religieuses et l’Etat, c’est pourquoi nous nous efforçons de doter aujourd’hui notre pays d’une nouvelle constitution qui tient compte de l’évolution de notre société!

Et vous, vous faites quoi ?

Et oui, à ne pas oublier la réforme « globale » des impôts que vous suggérez d’opérer. Il ne faudrait pas qu’elle affecte trop la classe moyenne. Pourrait-on y apercevoir les premiers signes d’un populisme pré-électoral ?

En même temps vous souhaitez garder un niveau élevé d’investissements publics. Il faut investir dans les familles, la mobilité et l’énergie.

Merci de nous donner l’occasion d’en parler ! Et oui, il faut réformer le système des impôts et oui, il faut maintenir un niveau élevé des investissements publics et oui, il faut continuer à soutenir les familles.

En ce qui concerne les impôts, il sera difficile d’épargner la classe moyenne alors qu’elle constitue la vaste majorité de notre population. Environ 40 % de la population ne paye actuellement pas d’impôts. La classe moyenne, à supposer qu’il s‘agisse de la tranche des revenus se situant entre 30.000 et 100.000 euros (environ 42 % des ménages), payent autour de 50% des impôts. Les « riches » qui gagnent plus que 180.000 euros par an, représentent 3,6 % des ménages et payent à eux seuls autour de 44,5 % des impôts. Quel sera votre concept de justice fiscale ?

Pour ce qui est des familles, elles constituent, avec les investissements publics, le poste budgétaire le plus important, justement parce que nous n’entendons pas faire des économies sur leur dos !

Quant à la garde gratuite des enfants. C’est génial. Mais vous en tant qu’apôtre de finances publiques équilibrées, comment la financeriez-vous ?

Oui, il faut maintenir un niveau élevé d’investissements publics. C’est pourquoi, les investissements publics s’élèvent en 2013 bel et bien à 1,7 milliards d’euros soit 3,8 % du PIB. C’est pourquoi, malgré la crise, nous avons développé un modèle global et cohérent pour la mobilité englobant la construction des tramways, si chers aux verts !

Enfin, l’Etat devrait, selon vous, intervenir comme maître d’ouvrage pour résoudre les problèmes du logement. A l’inverse de ce qui s’est passé dans la vielle ville, il ne faudrait pas, selon vous, construire des immeubles de luxe mais des habitations bon marché. Quelle hypocrisie !

Depuis longtemps, le fonds du logement intervient sur le marché (achat et location), tandis que la Ville de Luxembourg, fief et laboratoire des verts, a pour la dernière fois proposé des logements à prix modéré (« Baulücken ») en 2010. Pour le reste, des projets prestige signés par les plus célèbres architectes du monde se succèdent à Luxembourg-Ville !

Voilà pour ce qui est de l’autre politique des verts. D’aucuns sont amenés à penser que les verts seraient une bulle de savon. Gare la mine ! Une bulle de savon risque d’éclater…un jour !

Communiqué par le Comité national du CSJ, Luxembourg le, 26 février 2013.