Skip to content

Des traditions luxembourgeoises qui « reculent au pas d’Echternach »

[dt_button link=”” target_blank=”false” button_alignment=”default” animation=”fadeIn” size=”medium” style=”link” text_color_style=”context” text_hover_color_style=”accent” icon=”fa fa-chevron-circle-right” icon_align=”left”]Version française (FR)[/dt_button]

La reconnaissance par l’UNESCO de la Procession dansante d’Echternach comme Patrimoine culturel immatériel, démontre la valeur culturelle de cette tradition partagée chaque année par des centaines de gens.

A la base une fête catholique, la Procession dansante va aujourd’hui bien au-delà de cette qualification. Elle est aujourd’hui une tradition culturelle réunissant des participants de différentes nationalités, religions et cultures. Or la survie d’un patrimoine culturel immatériel dépend principalement de la participation des communautés à cette tradition. Dans ce contexte, la Convention de l’UNESCO du 17 octobre 2003 exige des États signataires qu’ils protègent ces patrimoines en disposant dans son article 13 que « Chaque État partie s’efforce d’adopter les mesures juridiques, techniques, administratives et financières appropriées visant à garantir l’accès au patrimoine culturel immatériel tout en respectant les pratiques coutumières qui régissent l’accès à des aspects spécifiques de ce patrimoine. »

Un des arguments ayant contribué à ce que la demande pour le statut de Patrimoine culturel immatériel, adressée à l’UNESCO, ait reçu une réponse favorable, était que la politique veille à ce que le Mardi de Pentecôte soit un jour férié pour permettre aux élèves, éducateurs et parents de participer à la procession. Tenant compte de l’importance culturelle indéniable de la Procession dansante et des engagements que le gouvernement luxembourgeois a acceptés pour sa valorisation et sa protection, la décision de ne plus vouloir garantir un jour férié pour les élèves le Mardi de Pentecôte reste incompréhensible.

Encore plus incompréhensible est la réaction du Ministre de l’Education nationale, Claude Meisch, suite à l’émoi causé par cette décision. Le Ministre se limitait à déclarer par un simple tweet qu’il ne comprenait pas l’excitation provoquée par ce dossier et qu’il n’y voyait pas de problème. Dans ce contexte, il sied de s’interroger sur la communication des priorités au sein du gouvernement luxembourgeois. Dans une interview donnée le 6 septembre 2017 par le Ministre de la Culture et Premier ministre Xavier Bettel au « Luxemburger Wort », ce dernier avait déclaré que la culture serait une des priorités du gouvernement et que l’État devrait s’assurer de la transmission de la culture dans les écoles, entre autres par l’institution d’un cours d’éducation à la culture.

Le Premier ministre proclamait également que le gouvernement devrait s’efforcer à assurer un accès à la culture libéré de toute forme de barrière. La Procession dansante étant un Patrimoine culturel reconnu mondialement et profondément enraciné dans la tradition et histoire luxembourgeoise, il est incohérent et incompréhensible que cet événement ne mérite pas de profiter de cette protection et valorisation proclamée par le Premier ministre pour la culture luxembourgeoise. La Procession dansante a une importante valeur sociale mais également économique, et doit dans tous les cas bénéficier d’une protection prioritaire par le gouvernement luxembourgeois. Or il est étonnant et choquant de constater que cette tradition remontant au tard Moyen-Âge ne mérite pas d’attention et d’intérêt particuliers de la part du Ministre de la Culture et du Ministre de l’Education nationale.

Si le gouvernement désire honnêtement protéger la culture et permettre la transmission de cette dernière aux jeunes générations, il ne devrait pas forcer les parents à devoir faire le choix entre la culture et l’école, en ne permettant la participation à la Procession que moyennant présentation d’une excuse adressée à l’école. Xavier Bettel considérant la culture comme étant l’ADN d’une nation, il sied de s’interroger pourquoi le gouvernement ne s’efforce pas à assurer la transmission de cette ADN en garantissant un jour férié pour les élèves luxembourgeois le Mardi de Pentecôte. Entre les promesses initiales de Bettel face à la culture luxembourgeoise, et ses actions qui en dérivent, force est de constater que sous ce gouvernement, notre culture et nos traditions ne font que « reculer au pas d’Echternach ».